Christophe Chambet et le groupe Pracartis : l’ingénierie au service de l’usinage durable

Devenu entrepreneur en 1999 à seulement 28 ans, Christophe Chambet est aujourd’hui en 2025 à la tête du groupe Pracartis, un acteur majeur de l’usinage de précision et de l’ingénierie industrielle. Diplômé d’un double cursus d’ingénieur à la Fachhochschule de Münster et à l’ESIEE Paris, il a d’abord fait ses armes chez Alcatel Espace et Motorola Semiconducteur avant de se tourner vers l’entrepreneuriat. Malgré les crises majeures comme la crise des subprimes et la pandémie de COVID-19, qui ont secoué l’industrie, Christophe Chambet a su non seulement résister mais transformer ces périodes de turbulences en véritables tremplins pour l’innovation. Sous sa direction, Pracartis, dont le siège est en Haute-Savoie a consolidé son développement en rachetant et regroupant dix PME industrielles françaises et une filiale suisse, et en se diversifiant dans des domaines comme les outils coupants, broches,  électrobroches, automatismes sur commandes numériques et la digitalisation 4.0. Le groupe se positionne ainsi comme un leader résolument engagé dans la modernisation des process industriels, avec un fort accent sur l’industrie durable et la transmission des savoirs.

De l’ingénierie à l’entrepreneuriat, il n’y eut qu’un pas ! 

Le parcours de Christophe Chambet témoigne de la façon dont l’ingénierie peut évoluer vers une aventure entrepreneuriale couronnée de succès. Frustré par l’inertie des grands groupes industriels dans lesquels il évoluait, il saisit en 1999 l’opportunité de reprendre les activités de son oncle, dirigeant de deux entreprises. Conscient que son bagage d’ingénieur ne suffirait pas, il complètera sa formation avec un master en gestion des PME-PMI. Ce cursus lui permis ainsi de développer une vision plus large des rouages d’une entreprise : « Un jour, on s’occupe des finances, un autre de la production, de la comptabilité, des ressources humaines… C’est cette variété qui m’a séduit », explique-t-il.

Selon lui, un entrepreneur industriel doit posséder certaines qualités essentielles : être passionné par son produit, avoir une capacité à interagir avec ses partenaires et collaborateurs, et surtout être prêt à prendre des risques. Il affirme que l’un des déclencheurs de son parcours a été l’ennui ressenti au sein des grandes structures : « Ce que l’on met deux ans à faire dans une grande entreprise, on pourrait le faire en trois mois dans un groupe agile ». Son conseil aux jeunes ingénieurs souhaitant entreprendre ? Ne pas trop se poser de questions et avoir confiance en ses capacités.

Transformer les crises en opportunités de croissance

Comme bon nombre d’entreprises, le parcours de Pracartis est marqué par deux crises majeures, notamment celle des subprimes en 2009 et la pandémie de Covid-19 en 2020. Face à ces bouleversements, Christophe Chambet a su réagir et développer une stratégie industrielle axée sur deux piliers : la diversification des secteurs d’activités et la création de solutions clé en main pour l’usinage de précision.

« Lorsqu’une crise survient, il faut observer ce qui change et comprendre que rien ne repartira comme avant », souligne-t-il. En 2009, la crise a forcé les entreprises clientes à se recentrer sur leur cœur de métier, externalisant ainsi certaines activités. Pracartis a su saisir cette opportunité en intégrant de nouveaux services comme la R&D et les centres d’essais.

La crise du Covid-19 a présenté des défis similaires, mais avec l’ajout cette fois-ci de nouvelles mutations technologiques et environnementales. La transition écologique et les nouveaux modes de production ont redéfini les besoins en usinage. « Nous devons désormais proposer des solutions qui non seulement répondent aux standards de qualité et de coûts, mais qui permettent également à nos clients de réduire leur empreinte carbone », explique Christophe Chambet. Aujourd’hui, Pracartis se positionne comme un partenaire stratégique, non plus seulement fabricant, mais intégrateur de solutions innovantes et durables.

Transmission du savoir-faire et engagement RSE : les piliers de l’avenir de Pracartis

L’usinage de précision est un secteur en perpétuelle évolution, et Christophe Chambet mise sur la transmission du savoir-faire pour pérenniser les compétences essentielles. Chez Pracartis, la formation se fait principalement par compagnonnage, car beaucoup de savoirs spécifiques ne sont pas enseignés en école : « Les métiers de rectification, de taillage, d’affûtage, de reconstruction de machines d’usinage, d’assemblage d’électrobroches… tout cela s’apprend en interne ». Avant de devenir autonome chez Pracartis, un salarié doit compter entre 3 et 5 ans de formation en interne, sous la supervision d’un tuteur expérimenté. Cette approche garantit une transmission rigoureuse des compétences et une montée en expertise progressive.

L’engagement environnemental est également un axe stratégique majeur. Les activités de rétrofit de machines, de réparation d’électrobroches et de reconditionnement d’outils s’inscrivent pleinement dans une logique d’économie circulaire. L’innovation passe ainsi par l’optimisation des machines elles-mêmes. Plutôt que d’acheter systématiquement du matériel neuf, Pracartis modernise ses équipements, parfois âgés de 20 à 30 ans, en remplaçant leurs composants stratégiques : nouvelles commandes numériques, moyens de serrage améliorés et intégration de systèmes robotisés. Cette démarche permet non seulement de prolonger la durée de vie des machines, mais aussi de réduire l’empreinte carbone liée à la fabrication et au transport de nouveaux équipements.

Pracartis accompagne également ses clients dans la décarbonation de leurs activités en proposant des solutions plus performantes et moins énergivores.

Le groupe investit aussi dans l’usinage durable en explorant de nouvelles techniques dans le but de réduire l’impact écologique. En privilégiant par exemple, l’utilisation de matériaux plus légers comme le carbone, les fibres composites ou la céramique, en complément de l’aluminium et du titane, afin de limiter la consommation énergétique et d’optimiser la performance des pièces produites. L’entreprise s’oriente également vers des procédés innovants tels que l’usinage à sec ou la cryogénie (CO2 à l’état supercritique, entre gazeux et liquide), qui éliminent le besoin de lubrifiants polluants.

Ces avancées dans l’usinage durable ne sont pas seulement une réponse aux défis environnementaux, mais également un facteur d'attractivité pour les jeunes générations. En effet, le secteur attire de plus en plus de talents, séduits par les innovations technologiques et les perspectives qu’offre cette industrie durable. « L’usinage a quelque chose de magique : on fabrique des pièces qui peuvent être utilisées dans des domaines aussi variés que l’aéronautique, le médical, l’horlogerie de précision… C’est extrêmement valorisant et motivant », conclut-il.

Le parcours de Christophe Chambet illustre ainsi parfaitement la capacité à transformer les défis en opportunités et à faire évoluer un groupe industriel avec agilité et vision. Son parcours inspirant, entre ingénierie et entrepreneuriat, démontre que l’innovation et l’engagement dans l’industrie durable sont les clés de la réussite. Pracartis , en intégrant la R&D, la formation et la digitalisation, trace la voie d’une industrie française plus performante et responsable.

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