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La décarbonation des polymères, enjeu de la filière plasturgie et composites

La décarbonation des polymères, enjeu de la filière plasturgie et composites

La décarbonation des polymères, enjeu de la filière plasturgie et composites

La production de plastique dans le monde a doublé entre 2000 et 2019, passant de 234 millions de tonnes à 460, selon l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). Les plastiques sont responsables de 3,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Comment réduire l’empreinte carbone de cette matière omniprésente dans nos vies ? Éléments de réponse avec Marc Madec, Directeur Développement Durable chez Polyvia, l'union des transformateurs de polymères.

 

Les polymères ont révolutionné la production industrielle et sont devenus indispensables à de très nombreux secteurs comme l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, la santé, la construction ou l’alimentaire. Polyéthylène, polypropylène, polystyrène, PVC, PET… les matières plastiques offrent un panel de propriétés remarquables : légèreté, flexibilité ou rigidité extrême, résistance, malléabilité, biocompatibilité, innocuité, isolation…

Économie d’énergie et recyclage

Autour de son syndicat Polyvia, le secteur de la plasturgie et des composites est mobilisé dans une dynamique d’innovation et de transformation industrielle pour poursuivre la décarbonation de la filière et accélérer l’adoption des principes de l’économie circulaire et du développement durable. « Nous avons comme objectif constant de mettre en œuvre des process de production moins énergivores, en utilisant toujours plus d’énergies vertes, précise Marc Madec. Nous avons par exemple créé avec EDF un CEE (certificat d’économie d’énergie) spécifique pour remplacer les presses à injecter hydrauliques par des presses électriques moins énergivores. Plusieurs milliers de presses ont ainsi été achetées par les plasturgistes qui ont bénéficié d’aides de l’État. »

Depuis plus de 20 ans, la recherche a également permis de développer le recyclage des déchets plastiques. La plupart des plastiques recyclés sont aujourd’hui aussi performants que les résines vierges. « Nous souhaitons inciter nos industriels à basculer tout ou partie de leur production vers ces matières recyclées, ajoute Marc Madec. Remplacer une tonne de matière vierge par une tonne de matière recyclée revient à économiser entre 2 et 2,5 tonnes de CO2. C’est considérable ! »

Un cercle vertueux

En France, un organisme représente les entreprises qui recyclent des déchets plastiques. C’est le SRP (syndicat national des régénérateurs de matières plastiques). En 2021, ses membres ont produit près de 540 000 tonnes de MPR (Matières Premières de Recyclage ou Matières Premières Régénérées). Soit une hausse de 24 % (19 % à périmètre constant) par rapport à 2020. Le potentiel d’économie CO2 a ainsi été, pour l’année 2021, de plus d’un million de tonnes.

« La fabrication de ces matières recyclées est moins consommatrice en énergie et produit moins de CO2, indiquele Directeur développement durable Polyvia. A chaque livraison, le SRP peut délivrer un certificat d’économies de CO2 au plasturgiste qui peut ainsi ensuite communiquer ces données à ces clients. Une chaîne vertueuse se met en place. » Les principaux secteurs industriels clients sont l’emballage (42 %), la construction (29 %) et l’automobile (12 %).

 

Accompagnement et aides au financement

Avec l’IPC (Centre technique industriel de la plasturgie et des composites), Polyvia a mis en place des outils (formations, webinaires, accompagnements techniques…) pour permettre aux industriels d’être accompagnés dans l’intégration de MPR. Conjointement avec l’Ademe, le syndicat professionnel a également lancé ORPLAST, un appel à projets visant à soutenir financièrement l’intégration de MPR par les plasturgistes ou transformateurs dans les produits finis. « C’est une aide au développement et à l’investissement qui a permis de véritablement progresser en termes d’incorporation de matières recyclées », précise Marc Madec.


Depuis 2019, le label MORE (MObilisés pour REcycler) est décerné aux industriels qui sourcent des matières premières recyclées dans leur production. En 2020, 447 500 tonnes de plastiques
ont été recyclées et réincorporées en France. Polyvia s’est engagée sur l’incorporation d’un million de tonnes de matières plastiques recyclées en 2025.

 


Les « plastiques du futur »

L’objectif fixé par le gouvernement de rendre tous les plastiques usagés recyclables à l’horizon 2025 (Loi AGEC) passe également par l’amélioration du tri pour les particuliers, de la collecte pour les collectivités et, pour les industriels, par l’intégration des contraintes de fin de vie dès la conception d’un produit. « Il est important de concevoir les produits en intégrant dès le départ des matières recyclées. Plusieurs axes sont également à mettre en avant comme la réparabilité, la rationalisation des plastiques – pour éviter les mélanges qui sont un frein au recyclage – et le réemploi, pour passer de produits à usage unique à des produits réemployables. »

Les travaux de recherche portent par ailleurs sur les « plastiques du futur » : les polymères « intelligents », adaptables, autoréparants et pensés pour être recyclés, mais aussi les polymères produits à partir de ressources renouvelables (polymères biosourcés). Ces nouveaux plastiques sont apparus dans les années 2000, fabriqués à partir de sous-produits et de déchets de l’agriculture (algues, maïs, fécule de pomme de terre, canne à sucre, coton ou encore betterave). « Ils représentent aujourd’hui moins de 1 % de la production mondiale de plastique, admet Marc Madec. Ce sont des matières intéressantes mais elles restent relativement chères. Certaines sont dites biodégradables ou compostables. Le problème en France, c’est qu’il n’y a pas encore de filière de recyclage. »

« L’industrie investit beaucoup à la fois sur le recyclage mécanique et chimique, conclut Marc Madec. On voit moins cette dynamique dans le biosourcé. Pourtant, il est important que notre filière travaille sur des prospectives à 10, 20 ou 30 ans. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut croire en l’innovation ! ».

Le 13 octobre 2022 par GL EVENTS

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