Startups et PME : des partenariats stratégiques au service de la réindustrialisation

Jamais le lien entre les PME industrielles et les startups n’a été aussi fort :  le développement de passerelles entre ces deux acteurs est un axe privilégié par le gouvernement pour accélérer la réindustrialisation du pays. 2,3 milliards d’euros sont ainsi mobilisés dans le cadre de sa stratégie « Startups industrielles et deep tech » . Zoom sur un phénomène protéiforme, riche en opportunités pour les acteurs de la filière.

Innovantes, disruptives, agiles, réactives… Les startups disposent d’atouts qui leur permettent de développer en un temps record des solutions industrielles de pointe. PME, mais également ETI et grands groupes industriels, ont compris les gains de productivité et d’efficacité qu’ils pouvaient tirer de ces acteurs aux caractéristiques complémentaires, porteurs de solutions innovantes, souvent initiées par de jeunes chercheurs passionnés. 

Une disruption aux nombreuses facettes

De fait, les exemples de « startups industrielles » ne manquent pas. Meanwhile avec ses robots mobiles autonomes capables de naviguer au sein d’une usine et de ses employés. Sigscan et ses solutions de géolocalisation et de pilotage des flux industriels disposant d’un système d’étiquette électronique géolocalisée. Neovision et ses technologies d’intelligence artificielle sur mesure. Watt Earth et sa technologie capable de gérer de manière autonome et prédictive sa consommation et sa production d’énergie. Néolithe, qui transforme les déchets non-recyclables, non-inertes et non-dangereux, en granulats minéraux réutilisables dans le secteur de la construction. Chacun de ces exemples illustre la variété des bénéfices que peuvent tirer les PME industrielles : des gains de productivité notables, pour une projection dans l’industrie du futur. Et pour nombre de ces sociétés, l’innovation passe également par l’intégration native des enjeux liés à l’environnement, à la décarbonation et à l’intégration de leurs produits, selon les règles de l’économie circulaire.

Les rapprochements entre PME et startups peuvent viser plusieurs objectifs : vente de composants, machines ou services, aide à l’industrialisation de la startup, voire à son financement. Souvent, les jeunes pousses proposent des solutions numériques qui accompagnent le passage vers l’industrie 4.0. Mais, dans certains cas, les startups assurent elles-mêmes la production : elles développent des produits innovants qui ne reposent pas nécessairement sur des innovations technologiques de rupture. Brevetés dans certains cas, a minima protégés par des dessins et modèles, les produits en question disruptent leurs marchés par leur manière d’intégrer l’usage comme socle de départ ou encore par un business model qui repose sur la jouissance plutôt que sur la possession.

L’intérêt pour les startups de créer des liens avec des acteurs de l’industrie mécanique française ? Valoriser leurs savoir-faire, présenter leurs innovations, voire faire émerger de nouveaux produits et services.

Elco et Stirweld, l’exemple d’un partenariat gagnant-gagnant

C’est le sens, par exemple, du rapprochement de deux acteurs bretons : Elco, PME spécialisée dans la fabrication d’outils coupants et de porte-outils et Stirweld, une startup experte dans le soudage aluminium et les assemblages bimatériaux. Née il y a plus de 115 ans sous le nom de Leclerc, la première compte une centaine de salariés et fournit de nombreux acteurs industriels, notamment en France et en Grande-Bretagne. Fondée en 2017, issue de deux laboratoires de recherche (l’institut Maupertuis et l’ENS Rennes), la seconde compte aujourd’hui 24 salariés. Son cœur de métier : fournir à ses clients des éléments pour mettre en œuvre la technologie de soudure par friction malaxage (FSW) que ces derniers se chargent eux-mêmes de produire.  

« Elco fabrique les outils que nous concevons, explique Laurent Dubourg, le CEO de Stirweld.  Ce rapprochement nous permet d’éviter d’investir sur des machines de fabrication et de bénéficier du savoir-faire centenaire d’un partenaire local, basé comme nous en Bretagne. Nous pouvons ainsi nous concentrer pleinement sur notre valeur ajoutée, un savoir-faire très spécifique : la conception de ces outils. Mais aussi sur leur commercialisation à l’échelle mondiale ». Pour sa part, Patrick Chales, responsable produit chez Elco, pointe les atouts que tire la PME de la collaboration : « C’est pour nous l’opportunité de diversifier les produits que nous fabriquons, avec des outils de soudage, et plus uniquement des outils de découpe. Nous pouvons ainsi travailler sur un sujet particulièrement innovant et nous positionner sur un marché de niche, en pleine expansion. » Capitalisant sur leurs premiers succès, Elco et StriWeld ont lancé un nouveau projet de collaboration autour du développement de nouveaux outils. 

Créer des passerelles entre deux mondes

Initialement, les deux entreprises se sont rencontrées via la plateforme technologique Sunni, qui a été mise place par Elco. Un détail qui a son importance : la mise en contact entre des acteurs évoluant généralement dans des écosystèmes distincts se révèle un enjeu clé. « Il faut créer la rencontre entre ces deux mondes, en établissant un modèle de transfert de connaissances plus intriqué vers les écosystèmes associant entreprises et startup », insiste ainsi Philippe Lubineau, directeur de la recherche au Centre technique des industries mécaniques (CETIM). Ce travail implique au préalable d’identifier l’innovation, puis de référencer les startups prometteuses, avant les rassembler pour les mettre en connexion avec les entreprises industrielles. À l’image de France Industrie avec Start Industrie, qui réunit de nombreux partenaires dont CSI France, le collectif des startups industrielles, de nombreuses structures travaillent en ce sens. Et réunissent ainsi les conditions pour faire émerger les innovations industrielles de demain.