Industrie : les propositions des principaux candidats aux Présidentielles
L’industrie française ne représente aujourd’hui plus que 12,4 % du PIB et 10,3 % des emplois. Fruits d’une baisse continue, ces chiffres n’ont rien de nouveau. Mais la crise sanitaire est passée par là et le regard porté sur la désindustrialisation a fortement évolué. Au point que la réindustrialisation du pays est présentée comme une priorité par les candidats de tout le spectre politique. Tour d’horizon des propositions des 6 hommes et des femmes en tête des intentions de vote.
La montée en gamme de l’industrie d’Emmanuel Macron
Le Président-candidat affiche la volonté de mettre un terme à « l’hémorragie industrielle des deux dernières décennies ». A cette fin, il mise d’abord sur une montée en gamme des acteurs du secteur. Pour soutenir celle-ci, il propose de réduire le taux d’impôt sur les sociétés au niveau de la moyenne européenne (25 %), mais aussi de retirer de l’ISF l’investissement servant l’économie (actions, parts, titres d’entreprises). La 2ème grande priorité est la défense des intérêts industriels français dans la mondialisation. Parmi les propositions : l’instauration d’un contrôle européen sur les investissements étrangers, le renforcement des procédures européennes anti-dumping ou la défense d’un « Buy European Act » réservant l’accès aux marchés publics européens aux entreprises dont la moitié de la production est implantée sur le continent. 3ème objectif : accompagner la transformation de l’industrie française au cœur de la transition environnementale et numérique de notre société. Emmanuel Macron propose de mobiliser une nouvelle politique européenne favorisant le développement des industries stratégiques pour la transition écologique, sur le modèle de la politique spatiale européenne, et de constituer un Fonds pour l’industrie et l’innovation doté de 10 milliards d’euros.
La taxe carbone européenne de Valérie Pécresse
Pour défendre la souveraineté économique française, la candidate des Républicains mise notamment sur l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe. La mesure – qui, pour être appliquée, devrait être votée par les autres états européens – vise à ne plus soumettre à une « concurrence déloyale » l’industrie et l’agriculture française face à « des pays qui ne respectent pas la même discipline écologique », à savoir notamment les règles liées aux émissions carbone et à l’utilisation de produits phytosanitaires. Valérie Pécresse a, par ailleurs, annoncé la création d’un grand ministère de l’Énergie, de l’Industrie et de l’Innovation, mais aussi d’un Haut Conseil à la Souveraineté, pour « protéger les joyaux français », ainsi que la préférence pour la commande locale et européenne dans les marchés publics. Autre mesure envisagée : la baisse des impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros.
Le fonds souverain français de Marine Le Pen
La candidate d’extrême droit souhaite mettre en place un fonds français. Le but est d’augmenter la rémunération de l’épargne des Français et de l’orienter vers des secteurs stratégiques et l’innovation. Son « patriotisme économique » passe également par une baisse des impôts de production pour les TPE-PME et la priorité accordée aux entreprises françaises dans les marchés publics. Marine Le Pen souhaite par ailleurs, au titre d’une politique d’aménagement du territoire, conditionner les subventions à la création d’emplois et développer l’étiquetage autour du « fabriqué en France ».
La relocalisation des productions essentielles de Jean-Luc Mélenchon
Le candidat d’extrême gauche projette de renationaliser un certain nombre de grands acteurs de l’économie française : les autoroutes, mais aussi la SNCF, EDF, Engie, la Française des jeux, la branche énergies marines d’Alstom cédée et la branche éolienne offshore d’Areva. Jean-Luc Mélenchon ambitionne par ailleurs d’instaurer des « mesures d'urgence » anti-dumping social pour les industries stratégiques. Au niveau européen, il souhaite donner la possibilité aux États de venir en aide à des entreprises ou de créer des monopoles publics dans des secteurs stratégiques.
Les zones franches industrielles d’Eric Zemmour
Le candidat identitaire souhaite, lui aussi, refaire de la France « un pays d’industrie ». Il veut pour cela privilégier les entreprises nationales lors de la commande publique ou encore créer un grand fonds souverain, alimenté par les livrets A. Par ailleurs, la mise en place de zones franches industrielles – sur le modèle des zones franches urbaines et des zones de revitalisation rurales – prendrait la forme d’exonérations fiscales pour les entreprises industrielles s’implantant dans des zones ciblées : absence d’impôt de production ou sur les sociétés pendant cinq ans. En plus de contraindre la commande publique à privilégier les produits « made in France », l’ancien polémiste veut créer un « Patrie-score » sur les produits de consommation. Il souhaite enfin diminuer de 30 milliards d’euros les impôts de production – sur les 70 milliards annuels de recettes fiscales.
La réindustrialisation verte d’Eric Jadot
Également défenseur du « made in France », le candidat écologiste promeut une relance de l’économie grâce à l’écologie. L’une de ses priorités est de réorienter la réindustralisation vers les énergies renouvelables, en modulant notamment la TVA en fonction de l’impact environnemental de l’activité. La construction d’une industrie au service de la transition climatique passe par la mise en place d’un plan d’investissement public annuel à hauteur de 25 milliards d’euros à destination des infrastructures de la transition et du renforcement de la recherche publique. Les aides aux entreprises comme le Crédit d’impôt recherche ciblera les projets visant la décarbonation, la relocalisation et la préservation de la biodiversité. Autre mesure : un parcours de formation aux enjeux de la transition écologique à destination de 100 % des décideurs économiques.
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