L’innovation dans les process industriels : un atout pour faire face aux défis actuels

Au vu du contexte international qui impacte directement les entreprises françaises et leurs chaînes de production, les industriels doivent s’adapter. Avec en ligne de mire « France 2030 » qui a pour ambition de préparer la France de demain, l’industrie 4.0 se doit également de devenir compétitive et totalement décarbonée. 

Les nouvelles solutions concrètes apportées par de nombreuses entreprises spécialisées dans l’amélioration des process devraient donc permettre aux industriels d’atteindre ces objectifs. Parmi elles, Endress+Hauser, l’un des leaders mondiaux de l'instrumentation de mesure, de prestations de service et de solutions d'ingénierie pour les process industriels… Rencontre avec Christelle Hauer Responsable marketing digital et communication et Présidente de la commission marketing et promotion du GIMELEC (groupement des entreprises de la filière électrique et électronumérique française) qui partage avec nous son expertise sur le sujet. 

Quel est le cœur de métier de Endress+Hauser ? 

« Cette entreprise familiale a été créée il y a plus de 70 ans, avec aujourd’hui, plus de 3,3 milliards d’euros de CA et des sites sur tous les continents. Notre métier est d'être le partenaire de nos clients pour l'amélioration de leur process industriel. Et qui dit amélioration du process industriel, dit à un moment donné, mesurer une grandeur physique pour pouvoir piloter et optimiser le process. La mesure industrielle est donc au cœur du pilotage des process, elle est vraiment essentielle, car sans mesure on ne peut pas analyser.  Nos instruments mesurent débit, niveau, pression, température, l'analyse physico-chimique, enregistrent les données et communiquent numériquement. Nos solutions permettent l'optimisation des process en termes d'efficacité économique, de sécurité et d'impact sur l'environnement. Nous couvrons les secteurs de la chimie, l'agroalimentaire, les sciences de la vie, l'électricité et l'énergie, le secteur minier, des métaux et minéraux, le pétrole et le gaz, l'eau et les eaux usées.

Concrètement, comment aidez-vous les entreprises à piloter leurs process ? 

Notre rôle est d’accompagner les industriels au quotidien, en assurant un suivi du bon fonctionnement de leurs process grâce à nos capteurs installés dans leurs usines. Ainsi avec l'augmentation historique des coûts de l'énergie, que nous connaissons actuellement, tous nos clients et nos acteurs ont mené des actions grâce à nous, dans ce que nous appelons « les utilités » (eau de process, vapeur, chaud, froid) afin de maîtriser plus rigoureusement les coûts à ces endroits-là, de la chaîne de production. Et dans ce but, ils ont commencé à installer de la mesure plus précise sur ces postes. Mais vous avez un autre cas de figure, par exemple, lors de la construction d’une usine qui va sortir de terre, comme la nouvelle usine de paracétamol en Isère, nous travaillons en amont et de concert avec ceux qui fabriquent les process de production. Nous les aidons à définir quelle est l'instrumentation la plus adaptée à chaque process de production dans le respect des normes et de la réglementation. Nous pratiquons ainsi de la co-conception. 

Quels sont les enjeux des process dans notre conjoncture actuelle ? Transition énergétique, transition numérique, et décarbonation par exemple ?

Ce sont des enjeux très forts, qui sont effectivement au cœur des préoccupations de nos clients. Pour accélérer la décarbonation de leur entreprise, les industriels vont devoir changer et passer à des énergies dites « plus propres » et donc adapter leurs process. Avec d’une part, l’utilisation des nouvelles énergies, qui bannit les combustibles fossiles et privilégie l'électrification et d’autre part, la recherche de nouveaux gisements d'économies énergétiques pour réduire leur consommation. Concrètement, les industriels vont devoir vérifier toutes les fuites possibles (gaz, vapeur, eau, liquides). Enfin, la décarbonation et la démarche RSE dans sa globalité, c'est aussi la bonne gestion de l'eau, pour s’assurer d’en gaspiller le moins possible tout en en réutilisant le plus possible. Et dans ce cadre-là, tous les acteurs du Comité Industrie du GIMELEC, et en particulier les entreprises du domaine de l’instrumentation, sont très impliqués.

Pour la partie digitalisation, il s’agit de savoir, comment on peut aborder et optimiser les process et leur pilotage en leur apportant plus d’intelligence, notamment pour les automates, les pompes, les vannes et les capteurs de mesure. Ces outils ont maintenant des capacités bien supérieures aux premières tâches qu’il leur incombait, c’est-à-dire dans notre cas, mesurer un niveau, une pression, une température, un débit…. Ils sont désormais ultra intelligents et offrent un niveau d’information secondaire très utile. Il est donc indispensable d’adapter les systèmes de communication entre les capteurs, les automates et la supervision pour rendre visibles toutes ces informations aux personnes qui pilotent, y compris aux directeurs d'usines, pour qu'ils puissent prendre des bonnes décisions avec les informations les plus justes. La digitalisation permet aussi d’effectuer des mesures dans des endroits auparavant inaccessibles. Comment ? En développant des capteurs qui sont désormais autonomes, qui fonctionnent sur piles. Vous allez ainsi pouvoir mettre un point de mesure, un débitmètre, par exemple, à un endroit sans électricité, avec une carte SIM et une connexion qui va passer sur la 5G, les informations seront donc immédiatement renvoyées dans le cloud… une alerte en temps réel !  

Que pensez-vous de cette récente étude publiée par MarketsandMarkets qui dit que le marché de l’automatisation intelligente des process devrait augmenter de 50% d’ici 2027, passant ainsi de 13,9 milliards à 21,1 milliards de dollars. 

C’est en effet, un marché porteur qui va nécessiter des adaptations. On dit que la moitié des métiers de 2027 n'existaient pas encore en 2017. Les enjeux auxquels les industriels du futur devront faire face seront leur capacité à intégrer l'intelligence artificielle, l’internet des objets, le méta langage dans le pilotage des usines et d’arriver ainsi à faire cohabiter la vision pragmatique des process qu’ils connaissent avec l'expérience et les apports que l’innovation peut leur apporter. On pourrait penser que plus on va automatiser moins on aura besoin d’humains, mais ce n’est pas vrai. En réalité, nous aurons besoin de nouvelles compétences avec des métiers à véritable valeur ajoutée. L'intellect et l'analyse des choses vont primer sur l'action en elle-même. Encore faut-il qu'on soit prêt en termes d'éducation, et c'est aussi là notre rôle avec le GIMELEC :  faire bouger les lignes des programmes de l'enseignement pour que nos jeunes soient formés aux métiers de demain. Avec le Comité Industrie du GIMELEC, l’un de nos axes prioritaires est de rendre l'industrie attractive aux jeunes pour leurs choix de formation ou lors de leur entrée dans la vie active. L’idée est de leur montrer une image de l'industrie qui n'est plus celle de Germinal. Pour cela nous menons des actions pédagogiques comme lorsque nous participons au salon Global Industrie ou encore lors d’animations pendant la semaine de l’Industrie. Notre but est de montrer à quel point nos métiers ont évolué et à quel point ils sont intéressants et passionnants. »

L’innovation dans les process industriels émerge donc comme un impératif face aux défis contemporains. Avec l'essor de l'industrie 4.0 et la transition vers une économie décarbonée, les entreprises de ce secteur incarnent un pilier essentiel, offrant des solutions novatrices et durables pour accompagner les industriels français vers l'avenir de manière compétitive et responsable.