CIM 2025 : les innovations métrologiques au service de l'industrie durable
Le Collège Français de Métrologie (CFM), fondé en 2002 par le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), le Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques, (CETIAT) et Stellantis (anciennement PSA), joue un rôle crucial dans la diffusion des bonnes pratiques en métrologie. Dans un contexte où la précision des mesures est essentielle pour la performance industrielle et la durabilité, le CFM s'efforce de valoriser et d'adapter la métrologie aux nouvelles exigences du marché. Rencontre avec Jérôme LOPEZ, Directeur du Collège Français de Métrologie, pour une présentation des activités du CFM et des enjeux actuels de la métrologie, notamment à l'approche du Congrès International de Métrologie (CIM) de 2025. Ce rendez-vous biennal, véritable vitrine des avancées en métrologie, promet d'explorer des thèmes clés comme le développement durable, la digitalisation, l'intelligence artificielle et les défis de la formation dans ce domaine en pleine évolution.
Pouvez-vous nous présenter le CFM et son rôle auprès des industriels ?
Le CFM s'articule autour de trois axes d'activités principaux. Le premier, l’animation de notre réseau qui rassemble environ 400 entreprises francophones de métrologie, représentant environ 700 personnes. La moitié de nos membres sont des offreurs de solutions (exposants de Global Industrie), développant et commercialisant des instruments de mesure, des logiciels, des prestations de mesure, ou des services de conseil. L'autre moitié sont des utilisateurs (visiteurs de Global Industrie), souvent issus de grands groupes comme ceux de l'automobile, de l'aéronautique, et des transports, qui utilisent ces solutions pour qualifier et contrôler la qualité de leurs produits.
Nous sommes également un centre de ressources et de compétences. Nous proposons par exemple une vidéothèque en ligne, des éditions de livres en partenariat avec l’AFNOR ou encore un label de bonnes pratiques « TrustMEtrology » véritable outil de différenciation, de reconnaissance et de visibilité pour les entreprises qui en bénéficient.
Enfin, nous organisons des événements, activité historique du CFM, qui a toujours œuvré à faire connaître et valoriser la métrologie. C’est notamment le cas avec le Congrès International et biennal de Métrologie (CIM), dont la prochaine édition aura lieu dans le cadre de Global Industrie à Lyon en 2025.
Qu’allons-nous pouvoir découvrir sur ce prochain CIM 2025 ?
Le CIM qui est une activité historique du CFM existe depuis plus de 40 ans. La prochaine édition qui se tiendra du mardi 11 au vendredi 14 mars 2025 à Eurexpo Lyon, devrait être une édition particulièrement prestigieuse car elle sera présidée par Martin Milton, Directeur du Bureau International des Poids et Mesures (BIPM).
Il est important de rappeler que le CIM s'adresse à la fois aux experts en métrologie mais également aux industriels intéressés par les nouvelles techniques de mesure. Nos conférences spécifiques devraient directement les concerner... Nous attendons en effet, des centaines de visiteurs de plus de quarante pays dont de nombreux industriels.
Autre composante essentielle de notre prochain CIM : « Le village de la métrologie » qui réunira quant à lui, 70 entreprises offreuses de solutions, avec un espace central, sorte de hub multimodal, où se tiendront des événements variés et des conférences ouvertes à tous, ainsi que des sessions de rencontres individuelles. Les conférences et tables rondes couvriront un marge spectre de la mesure : dimensionnel, mécanique, de force, de pression, de température, électriques, etc. Les thèmes transversaux incluront quant à eux, la digitalisation, l'intelligence artificielle, la formation, et les enjeux de la profession de métrologue.
La baseline de cette édition 2025 sera "Une nouvelle métrologie pour une société et une industrie durable », un sujet incontournable aujourd’hui. Dans ce cadre, les enjeux durables de la métrologie sont cruciaux : ils englobent à la fois l’optimisation de la performance énergétique, la réduction des rebuts industriels et la maîtrise précise des émissions. Car mesurer avec précision chaque étape du processus industriel permet non seulement d’optimiser la consommation d’énergie et les performances des machines, mais aussi d’améliorer la qualité des produits et de réduire les déchets. Enfin, dans le contexte actuel de décarbonation industrielle, il devient impératif de renforcer les contrôles des émissions de gaz à effets pour répondre aux exigences environnementales et en cela, la métrologie joue ici un rôle majeur.
Quels sont les défis actuels en métrologie et comment s'adapte-t-elle aux nouvelles technologies dans le contexte de l'industrie 4.0 et 5.0 ?
Deux sujets sont particulièrement importants en métrologie. Le premier, très pratique voire pragmatique, concerne les certificats d’étalonnage digitaux (DCC). Pour rappel, un instrument de mesure doit être étalonné régulièrement en faisant appel à un laboratoire d’étalonnage. À tout moment et en tout lieu, la mesure doit être fiable : que ce soit 1 cm, 1 m, ou 1 degré, on doit être certain que la valeur et l’unité sont correctes. Initialement sur papier, puis en PDF, ces certificats peuvent maintenant être digitalisés et rendus lisibles par les machines pour contrôler la chaîne de traçabilité. La mise en œuvre de cette digitalisation est complexe en raison de la multiplicité des acteurs, mais des travaux sont en cours, avec des projets et des solutions proposés ; c’est un véritable défi.
Le second sujet, plus ambitieux, est le lien avec l’intelligence artificielle (IA). L’enjeu actuel en métrologie est de garantir que les bases de données d’entraînement des algorithmes soient de bonne qualité et fiables. La métrologie joue un rôle crucial dans la qualification de ces bases de données de mesures, qui servent à l’entraînement des algorithmes. Le LNE français est notamment pionnier dans ce domaine, en proposant des outils inspirés de la métrologie pour qualifier les algorithmes d’IA.
Enfin, pouvons-nous aborder un sujet qui vous tient particulièrement à cœur celui de la formation et l’évolution du métier de métrologue ?
En effet, le métier de métrologue est un sujet très intéressant, en totale mutation, depuis ces 20 dernières années. Historiquement, le métrologue était la personne qui gérait le parc d’instruments de mesure, souvent surnommé le "colleur d’étiquettes". Cependant, il y a quelques années, PSA a repensé ce rôle en rendant le métrologue responsable du processus de mesures dans son ensemble. Cela a rendu le métier beaucoup plus intéressant et lui a permis de prendre de la hauteur en garantissant la fiabilité du processus. Désormais, le métrologue intervient dès la définition du besoin de mesures jusqu’à la livraison des données. Mais ces dernières années, nous constatons qu’une mutation est en cours : la convergence entre le métier de métrologue et celui de data analyste. C’est par exemple, ce qui a incité l’entreprise Colas à créer il y a trois ans, un nouveau département qui gère les parcs d’instruments de métrologie et qui intègre les compétences de data. Il est donc essentiel que la formation s’adapte à cette évolution, ce qui constitue un vrai défi, car le métier est déjà en tension. Je considère que le renouvellement des métrologues est une question cruciale, et je suis convaincu que les solutions résident essentiellement dans la formation continue.
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