Relocalisation industrielle : la nouvelle révolution industrielle

Avec l’essor de l’industrie 4.0 et le dynamisme que la France souhaite insuffler dans ce secteur d’activité, le sujet de la relocalisation industrielle animait déjà les débats avant la crise sanitaire qui a touché notre pays en mars 2020. Cette pandémie a agi comme un catalyseur en mettant la France devant un constat simple : notre dépendance vis-à-vis de nos trop nombreuses importations nous fragilise. Rapatrier la fabrication de certains produits stratégiques et indispensables à notre autonomie s’impose. Pour y parvenir, collaboration, évolution des modes de production, investissements et progrès technologiques doivent faire partie de l’industrie de demain. Zoom sur la nouvelle révolution industrielle.

Pourquoi la relocalisation industrielle apparaît-elle comme indispensable pour l’économie française ?

L’industrie française exporte autant voire davantage que ses voisins européens, mais sa faiblesse réside dans sa consommation excessive auprès des autres pays qui pénalise sa balance commerciale.

Une crise qui vient affaiblir une industrie en pleine réflexion

L’industrie française a délocalisé pendant de nombreuses années afin d’augmenter sa compétitivité et de répondre à la demande croissante. Fermeture d’usines, chômage, perte de savoirs ont amené les pouvoirs publics, les industriels et le public à s’interroger sur le nécessaire retour de certaines chaînes de production sur le territoire français.

La crise sanitaire de 2020 a contribué à accélérer la réflexion sur le sujet puisqu’elle a réduit l’activité industrielle de moitié pendant près d’un an.

Les investissements ont baissé de 50 milliards alors que l’industrie y est particulièrement sensible.

La seconde période de confinement a confirmé le ralentissement de la reprise et a orienté les discussions vers un scénario pessimiste. Que deviendra l’industrie française si les autres pays se désintéressent de ses produits, car elle n’a pas su gérer correctement cette crise sans précédent ?

Le scénario conservateur qui voudrait que la France se remette de la crise sanitaire de la COVID-19 en moins de deux ans n’a pas résisté aux confinements successifs.

Une envie d’innover et de se réinventer qui peut inverser la tendance

Pénurie de masques, de matériels médicaux, d’aliments, etc., la crise sanitaire met la France face à un triste constat. Notre dépendance aux pays étrangers pour subvenir à nos besoins essentiels en période de crise nous rend vulnérables et risque de faire plonger l’économie française, sans parler du moral des Français.

Dans un contexte de crise inédit, les industries de l’agroalimentaire, des télécommunications, de la santé et de la défense apparaissent comme indispensables à une économie pérenne et à la protection de la population. Comment y parvenir dans un pays où près de 80 % des produits de consommation viennent de pays étrangers, souvent lointains ?

Que pensent les Français d’une relocalisation de l’industrie ?

Une dépendance vis-à-vis de produits à bas coûts indispensables au quotidien

La France sait que la faiblesse de son industrie réside aujourd’hui dans ses chaînes de valeur qui montrent une forte dépendance à l’étranger pour des produits à faible valeur, mais dont nous avons particulièrement besoin.

Une stratégie de relocalisation s’impose sur certains domaines pour pallier ce problème et devenir plus compétitifs que nos voisins européens.

Une indéniable confiance en l’avenir

Toutefois, la pandémie a entraîné une récession moindre par rapport à d’autres crises comme celles de 1975, de 1993 ou de 2009, car les entreprises se projettent dans l’avenir et souhaitent innover. Le plan France Relance mis en place par le gouvernement a ainsi reçu plus de 6 500 candidatures pour réfléchir à l’après.

Comment faire évoluer nos modèles pour ne plus se retrouver dans la même situation qu’en 2020 si d’autres crises surviennent, car d’autres crises surviendront sans nul doute ?

Les entreprises françaises ont l'envie d’innover pour renforcer le tissu économique et la dynamique des territoires. Les perspectives d'investissements et les projets en cours dépassent déjà les attentes.

Le made in France en force

Les consommateurs demandent des produits made in France et de qualité. Au-delà de la crise sanitaire, c’est l’évolution globale de nos modes de consommation qui se joue. Changements climatiques, pertes de biodiversité, traçabilité des aliments représentent autant de sujets qui préoccupent les foyers et pour lesquels ils accordent une grande confiance dans le made in France.

Pour convaincre les professionnels et les particuliers d’acheter français et de payer parfois plus, un travail d’information s'impose. Il valorisera notamment la France dans l’industrie mondiale, avec entre autres la définition de labels clairs et sans équivoque.

Une évolution indispensable des modèles industriels du passé

Tous les voyants sont au vert, mais pour une relocalisation industrielle pérenne, les bonnes questions doivent être posées. En tant qu’industriel, s’interroger sur la compétitivité de son industrie dans le cadre d’une production locale nécessite d'accepter qu'elle s'avère impossible.

Les modèles industriels de l’après-guerre sont désormais obsolètes. La France doit relocaliser avec des usines nouvelles, tournées vers l’avenir et soucieuses de l’environnement tout en restant compétitives. Défi de taille !

Le sujet de la solidarité fait partie intégrante du processus de relocalisation puisque l’État, autant que les consommateurs, devra soutenir l’industrie pour permettre une étape de consolidation efficace et durable.

Quels axes de réflexion privilégier pour assurer une relocalisation pertinente sur le territoire français ?

Choisir les grands secteurs industriels susceptibles d’être relocalisés

Avec 100 milliards d’importations de produits stratégiques à forte vulnérabilité, une définition des productions à relocaliser s’impose pour garantir :

• Autonomie


• Sécurité d’approvisionnement


• Exigence de recyclabilité

Toutes les activités n'ont pas d'intérêt à être relocalisées. Il faut se demander quelles sont les niches sur lesquelles investir. Des ressources existent. Une différenciation est possible pour séduire les consommateurs

La relocalisation passera par la création et l’extension d’usines existantes sur des sites qui présentent le potentiel pour accueillir les nouveaux process de production.

La relocalisation de 20% de la production permettrait de sécuriser les chaînes de valeurs et de créer 70 000 emplois sur le sol français.

Pour étudier les secteurs porteurs pour la France, la grille d’analyse doit considérer :

• Le coût du risque de la délocalisation


• Le prix du carbone


• La menace du chômage

Définir au sein de chaque industrie les productions à relocaliser

L’industrie a conscience que certains produits ne pourront pas être manufacturés de façon compétitive en France.

Dans le secteur textile, un jeans sera toujours meilleur marché produit à l’étranger du fait de la complexité des coutures par exemple qui demandent une main d’œuvre conséquente. En revanche, d’autres types de textiles, tels que les draps, peuvent très bien revenir sur notre sol.

Définir les bonnes conditions de relocalisation

Pour relocaliser l’industrie avec succès, plusieurs sujets sont à analyser de façon conjointe :

• La disponibilité des infrastructures


• Le foncier


• La fiscalité de production


• Les compétences


• L’attractivité des territoires

France Relance a prévu un budget de 31 millions d’euros pour former les collaborateurs de demain à l’industrie du futur, mais aussi pour retrouver des compétences que nous avions, mais qui ont disparu avec la délocalisation.

Les collectivités doivent œuvrer pour rendre leur territoire attractif aux jeunes diplômés, aussi bien qu’aux familles et proposer les infrastructures indispensables pour s’installer sur leur territoire.

Sensibiliser les consommateurs aux atouts du made in France

Un travail de sensibilisation à l’égard de l’ensemble des consommateurs pour l’achat de produits français demandera davantage de transparence et une position claire sur les avantages à acheter local.

L’industrie textile pourra alors mettre en valeur les atouts de la production française qui ont longtemps été négligés parmi les critères de choix d’un fournisseur au sein des marchés publics :

• La sécurité des approvisionnements


• La protection de l’environnement


• Les délais de réalisation


• La qualité des finitions


• La traçabilité de la chaîne de production

Poursuivre les progrès entamés avant la crise sanitaire

À la lecture de cette volonté de redynamiser l’industrie française, la simplification de la réglementation et des règles d'implantations industrielles qui a débuté avant la crise va sans nul doute se poursuivre et favoriser la relance.

Pour réussir ce renouveau industriel, la France et les industriels devront se concentrer sur les axes essentiels que sont :

• La décarbonation


• La résilience


• La numérisation


• L’intelligence collective

Comment l’industrie 4.0 peut-elle accélérer la relocalisation industrielle française ?

Un savoir-faire de pointe

La relocalisation se réalisera à l’échelle européenne et la France doit tirer son épingle du jeu pour améliorer sa compétitivité à travers les savoirs et les savoir-faire qu’elle héberge.

L’industrie 4.0 et les projets impliqués dans une transition écologique composeront l’industrie de demain et assiéront la compétitivité de la France vis-à-vis de l’étranger.

Couplée au made in France, l’industrie 4.0, avec des secteurs tels que la robotique, la cybersécurité, la santé digitale ou l’impression 3D, représente une formidable opportunité de développement sur le sol français.

Les outils technologiques encore expérimentaux d’aujourd’hui deviendront des éléments indispensables à une production compétitive, qualitative et qui propulsera la France parmi les puissances dont l’industrie est la plus florissante.

Une formation adaptée à l’industrie du futur

La formation des nouvelles générations aux outils de l’industrie 4.0 constitue un inestimable vivier de collaborateurs pour rendre cette 4e révolution industrielle possible. Il serait dommageable de les laisser à des pays dont l'attractivité industrielle serait meilleure.

Des efforts de sensibilisation, de formation et d’information entraîneront vers ce renouveau les talents de demain, aussi bien que ceux qui ont contribué à pérenniser l’industrie française depuis des décennies.